01. September 2023

Intégrité des affaires en Afrique de l'Ouest : de nouvelles opportunités pour l’Action Collective

Un atelier avec le Réseau Ivoirien des Jeunes Leaders pour l'Intégrité
Un atelier avec Réseau Ivoirien des Jeunes Leaders pour l'Intégrité

Dernièrement, l'Afrique de l'Ouest a connu une forte croissance économique et des investissements directs étrangers. Pourtant, elle perd aussi des milliards de dollars en flux financiers illicites, dont la corruption est une composante majeure. L'éradication de la corruption est essentielle pour attirer les investisseurs et favoriser le développement durable.

C'est pourquoi l'Action Collective pour la lutte contre la corruption, qui consiste à s'attaquer conjointement aux problèmes de corruption par le biais d'initiatives multi-acteurs avec le secteur privé, a tant à offrir aux États d'Afrique de l'Ouest désireux de maximiser leur potentiel économique.

Contribuer à l’avancement programme mondial de lutte contre la corruption depuis l’Afrique de l’Ouest

Comment l'Action Collective peut-elle aider à faire face aux risques de corruption et à assurer une croissance économique durable en Afrique de l'Ouest ? Cette question était au cœur du Forum de l'Alliance internationale anti-corruption (ICHA) du Groupe de la Banque mondiale, qui s'est tenu pour la première fois en Afrique. 350 participants issus de gouvernements, d'organisations internationales, du secteur privé, de la société civile et du monde universitaire de plus de 80 pays se sont rendus à Abidjan, en Côte d'Ivoire, pour discuter des défis et des solutions à mettre en œuvre pour contribuer à l’avancement du programme mondial de lutte contre la corruption.

Parmi les solutions proposées, l'Action Collective figurait en en haut de la liste :

  • Les gouvernements et les organisations internationales ont fait part de la manière dont ils soutiennent les entreprises tout au long de leur parcours de conformité. L'Agence française anticorruption (AFA) et la Banque mondiale ont présenté leurs programmes de mentorat du secteur privé, la Banque mondiale expliquant comment les entreprises sanctionnées - après avoir été libérées des sanctions - sont encouragées à accompagner d'autres entreprises exclues dans leur mise en conformité.

  • Vanessa Hans, responsable du secteur privé à l'Institut de Bâle, a présenté des initiatives d'Action Collective en Afrique de l'Ouest qui visent à renforcer les programmes d'intégrité et de conformité des petites et moyennes entreprises (PME). Parmi ces initiatives figure le programme de certification africaine de la gouvernance d'entreprise mené par la Chambre de commerce européenne en Côte d’Ivoire Eurocham, qui soutient les PME ivoiriennes dans la mise en œuvre de mesures de bonne gouvernance d'entreprise.

  • L'initiative primée du Réseau maritime anti-corruption (MACN) au Nigeria a permis de démontrer comment l'Action Collective entre les entreprises maritimes et les autorités portuaires a réduit de manière significative les demandes de pots-de-vin dans les ports nigérians.

L'appel à l'Action Collective émis à l’issue du Forum a envoyé un message fort et encourageant pour la promotion de l'Action Collective en Afrique de l'Ouest, reconnaissant "le rôle important du secteur privé" et soutenant "un engagement plus poussé entre le gouvernement, les entreprises et la société civile".

Transformer les opportunités en réalités

Entre avril 2020 et juin 2022, la Banque mondiale a approuvé un "total inédit de 28,5 milliards de dollars de prêts pour 234 projets couvrant des secteurs prioritaires clés en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale". Ces investissements offrent une occasion unique aux parties prenantes, y compris les entreprises soumissionnaires, de lancer des initiatives d'Action Collective dans la région. L'incitation : s'aligner sur les Principes généraux pour les programmes d'intégrité des entreprises récemment publiés par six banques multilatérales de développement (BMD), dont la Banque mondiale. Parmi ces principes, l'Action Collective est mentionnée comme un moyen d'encourager les entreprises à développer des programmes d'intégrité solides et efficaces.

Lors d'un atelier organisé conjointement par la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) dans le cadre du forum de l'ICHA, les entreprises travaillant en Afrique de l’Ouest ont discuté des avantages de programmes solides en matière d'intégrité et de conformité. Toutes se sont accordées sur la nécessité d'une formation sur mesure du personnel local exposé aux risques, d'une collaboration plus étroite entre les entreprises et d'un apprentissage par les pairs, autant de points communs aux initiatives d'Action Collective.

Le rôle crucial de la société civile

La société civile en Afrique de l'Ouest a un rôle important à jouer dans la mise en œuvre de l'Action Collective et la promotion de l'intégrité des entreprises. Les organisations de la société civile (OSC) contribuent généralement à faciliter le dialogue et à rassembler de multiples parties prenantes autour d’une même table. À la lumière de ces nouvelles opportunités d'engagement dans la région, les OSC doivent faire entendre leur voix et jouer leur rôle dans la mise en œuvre de l'appel à l'action.

Que peuvent apporter les OSC d'Afrique de l'Ouest ?

On peut s'inspirer du Réseau Ivoirien des Jeunes Leaders pour l'Intégrité (RIJLI), qui est membre du programme de mentorat de l'Institut de Bâle depuis 2022 et qui a depuis montré un fort engagement à faire progresser la conduite responsable des affaires dans le pays.

Sur la lancée du Forum ICHA, l'Institut de Bâle a co-organisé un atelier à Abidjan avec les huit organisations membres de RIJLI pour faire le point sur les derniers développements en matière d'Action Collective en Côte d'Ivoire. Cette discussion a donné lieu à des échanges constructifs et précieux sur la manière dont les organisations de la société civile peuvent s'engager avec le secteur privé pour promouvoir l'intégrité des entreprises et construire des ponts entre les différentes parties prenantes dans le contexte ivoirien. Un participant a mentionné :

"Cette discussion nous a ouvert les yeux sur différentes façons de lutter contre la corruption. L'Action Collective, c’est la cocréation. Tout le monde mérite de s'asseoir à la table".

Regarder vers l’avenir: du travail en silos au travail collectif

Il est formidable de voir de plus en plus d'acteurs adopter l'Action Collective dans leurs activités de lutte contre la corruption et dans leurs documents normatifs. Il s'agit d'un changement opportun qui marque le passage d'efforts isolés de lutte contre la corruption à une collaboration active avec toutes les parties prenantes, en particulier le secteur privé. Les récents développements dans la région ont créé un précédent pour l'avancement de l'Action Collective pour des mesures de prévention de la corruption plus efficaces et impactantes.

Pour rendre compte de ces évolutions, l'Institut de Bâle a publié un guide pratique en anglais et en français qui met en lumière les approches innovantes développées par les gouvernements africains pour lutter contre la corruption de manière plus efficace et plus durable.

Nous nous réjouissons de continuer à aider les acteurs locaux à apporter les avantages de l'Action Collective en Afrique de l'Ouest pour un environnement commercial équitable, durable et dynamique.

En savoir plus:

Liza Young

Associate, Collective Action
+41 61 201 18 24
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